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 Old Friends | Barbara & Jason

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Barbara Gordon
Barbara Gordon

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Alias : Batgirl
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MessageSujet: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyVen 12 Oct - 17:09


    La nuit était encore jeune, et Batgirl était de sortie. Depuis plusieurs heures, Barbara avait enfilé son masque et parcourait la ville, à l'affut du moindre cri, du moindre individu suspect, de la moindre alarme de sécurité. Pas de Batman ce soir, ni de Robin, ni de qui que ce soit pour l'accompagner. Ce soir, c'était entre elle et Gotham. Et Barbara aimait ces nuits entre filles, et ne se lassait jamais de battre le pavé, et de sauter de toits en toits. Pas de mission, pas de gros coup à arrêter ce soir. Elle n'avait pas de plan de prévu, pas de grosse opération dont elle avait eu vent et qu'elle devrait arrêter à tout prix, pas de mafieux concoctant un plan diabolique. Non, ce soir, elle sortait et laisserait Gotham la guider vers ceux qui faisaient souffrir ses habitants. Pour l'instant, deux agressions, un cambriolage et un braquage avaient été ajouté à son agenda, et elle ne comptait pas en rester là. Cela pouvait sembler dérisoire, mais Barbara savait que son action avait permis de sauver quelqu'un, ou du moins de faire en sorte qu'ils ne soient pas en danger. Rien de bien spectaculaire comparé aux missions de la Justice League, ou aux réseaux criminels qu'elle réussissait souvent à démanteler avec ou sans l'assistance des autres membres de la Batfamily.

    Perchée sur l'un des toits d'Old Gotham, le meilleur terrain de chasse quand on s'attaquait à "la petite criminalité de quartier", Barbara prenait quelques secondes pour souffler. Assise sur le parapet, elle regardait la ville s'étaler sous ses yeux jusqu'à la rivière. Elle aurait surement pu distinguer Arkham si ce n'était ce brouillard qui commençait à se lever autour des docks et s'étendait doucement en long rubans vers le reste de la ville.

    Soudainement alerté par un cri féminin, Barbara sauta sur ses jambes et localisa rapidement l'endroit, peut-être une ou deux ruelles plus loin. Sautant de toits en toits, elle suivit le bruit jusqu'aux pieds d'un immeuble. Un impasse, une femme qui selon son uniforme sortait du diner quelques blocs plus bas et devait rentrer chez elle après son service et un homme avec un couteau à la main. Barbara ne prit pas le temps de distinguer ses paroles, mais elle se doutait bien qu'il en avait après son portefeuille et la paie qu'elle avait peut-être touché, ou plus simplement, à elle. C'était ce qui dégoutait le plus Barbara, et en général, lorsqu'elle se retrouvait face à une telle situation, l'agresseur s'en tirait rarement indemne. Et elle fit honneur à sa tradition. Glissant avec agilité le long de la rambarde de l'escalier de secours, elle réussit à se glisser sans bruit derrière son agresseur, et sans semonce ni hésitation lui décocha un coup de pied qui au vu du bruit avait du lui casser le coude. Le couteau à terre, et apercevait la justicière masqué, il tenta de s'enfuir, tenant son bras, mais Barbara ne comptait pas le laisser s'en tirer à si bon compte. Il put faire quelques foulées, mais prenant appui sur un conteneur, elle fit un saut qui l'amena sur ses épaules, une jambe de chaque côté de sa nuque, et d'un coup de bassin se servant de son propre poids et de son élan, elle le projeta à terre. Peut-être n'aurait-elle pas du regarder ces matchs de boxe la nuit précédente...

    Barbara se releva sans une égratignure, mais elle ne pouvait en dire autant de l'agresseur. plusieurs dents brisées, le coude bien amoché, il gisait au sol, incapable de se relever, à la limite de l’inconscience. Rien que quelques heures à l'hôpital ne puissent réparer toutefois. Elle laissa le gars où il était, de l'autre côté de la rue, une supérette ouverte H24 voyait se bousculer les quelques clients contre les vitres qui donnaient sur la scène. Visiblement, les secours étaient en route. Barbara était plus inquiète pour la jeune femme. Peut-être à peine plus agée qu'elle, elle était encore toute tremblante, visiblement secouée de ce qui lui arrivait. Barbara lui prodigua quelques mots de réconfort, jusqu’à ce qu'elle soit en état de reprendre ses esprits. Tout en regagnant les toits le plus discrètement possible et éviter de se trouver dans la rue à l'arrivée du GCPD, elle ne la quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'elle gagne la supérette où elle voulait attendre les policiers pour pouvoir témoigner. Une sensation étrange la gagna alors qu'elle surplombait la scène. Regardant autour d'elle, elle se sentit comme observée, mais personne ne semblait être là, et elle gagna quelques immeubles plus loin un coin tranquille où elle n'aurait pas à craindre d'être vu par les officiers de son père. Mais la sensation persistait, bien qu'elle eut pu jurer qu'elle était seule...
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Jason Todd
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyDim 14 Oct - 13:18

La nuit dégoulinait, sombre et poisseuse, sur ses épaules. Jason la ressentait comme une présence dévorante, prête à l’étouffer, mais aussi comme la meilleure des maîtresses. La nuit, Jason ne sait s’il l’aime ou la déteste, le jeune homme possédait en effet sa propre perception des ténèbres, à mi chemin entre blessures et crève cœurs.
Il errait sur les toits de Gotham, presque fou et enfiévré, le visage masqué, le cœur aussi. La ville avait changé, et restait pourtant la même. Jason avait parfois du mal à la reconnaître… Il restait cependant cette puanteur caractéristique, celle de la misère et du vice, celle qu’il se préparait à combattre avec désormais ses propres règles.

La nuit se fit alors plus dense, quelques nuages cachant la lune à la vue des regards. Ramoneur cauchemardesque, le jeune homme s’adossa contre une cheminée et sortit le paquet de cigarettes froissé de sa poche. Il en glissa une entre ses lèvres et l’alluma pensivement, goûtant à nouveau le goût de la fumée et du tabac. De temps en temps, il y avait des cris en contre bas, le bruit d’une moto, un klaxon de voiture, et malgré tout la vie de la cité semblait fausse, factice. Il jeta le mégot au vent et s’élança alors, souple, meurtrier, glissant sur les toits des immeubles comme un fantôme de chair, de sang et de rancœur.
Petit à petit, Jason Todd réapprenait à connaître ce qu’il voulait s’attribuer comme territoire. Certains lieux lui rapportaient le souvenir de combats passés, ceux d’une autre vie, il cru même sentir quelque chose se tordre au fond de lui. Tristesse, regret ? Aucune importance, cela était déjà oublié…

Le ciel est lourd désormais, il y eut des instants de grand silence et le jeune homme se demanda un instant s’il n’était pas la dernière personne vivante de cette ville. Puis la cacophonie embrouillée reprenait et le dégoût lui arrachait un frisson qu’il ne pouvait réprimer.
Soudain un cri différent, plus strident, plus apeuré. Celui d’une victime. Jason ne se précipita pas et s’en félicita : quelqu’un l’avait devancé. Il ne vit tout d’abord qu’une silhouette en costume mettre à terre un malfaiteur, un visage anonyme sous un masque qui ne lui évoquait rien, et puis…

Et puis l’éclat d’ue chevelure rousse. Ce n’était pas une anonyme, c’était Babs, Barbara… Le gamin qu’il avait été mourait d’envie de l’appeler, de la voir lever la tête et le reconnaître, mais ce gamin ci était mort, ne restait qu’un adulte qui n’avait rien à faire ici, en ce monde. Barbara, des images, des souvenirs fugaces, celui de sourires aimables, d’une main sur son épaule parfois, et une odeur de café chaud. Barbara qui trouvait toujours le moyen d’avoir de la monnaie dans sa ceinture pour prendre une boisson chaude pendant une patrouille, il lui devait quelques cents, d’ailleurs. Il était mort avant d’avoir pu les lui rendre…

Avait-elle grandi, vieilli ? Jason ne saurait le dire, il l’observait de loin être ce qu’elle avait toujours été : une héroïne et, lorsque la jeune femme disparu à la faveur de la nuit, il la suivit.
La filature était délicate, elle pouvait à tout instant comprendre qu’elle n’était pas seule et l’attaquer. Si elle l’attaquait, Jason savait qu’il se défendrait. Son but n’était pas de faire mal à Barbara Gordon, le souvenir de son affection restait une chose brumeuse mais pourtant présente dans son esprit. Jason savait cependant à présent qu’il y avait eu beaucoup de choses cachées dans le sourire de Barbara : n’avait-il pas pris la place de Dick après tout ? Dick, si différent de lui. Dick le vivant, Jason le mort…

Un court instant, Red Hood crut disparaître, laisser Barbara à ses propres démons et l’oublier jusqu’à un possible face à face. Mais il y avait cette petite voix en lui qui ne le laissait pas tranquille : il lui devait le prix d’un café. Alors, presque douloureusement, il continua à la suivre. Elle regarda plusieurs fois autour d’elle, sans le découvrir cependant. Jason avait progressé, bien plus discret mais surtout bien plus meurtrier.

Il bondit soudain devant elle, se dévoilant enfin, silhouette en jean vêtue de sa veste de cuir et marqué de rouge. Rien dans sa silhouette n’évoquait le petit Robin des rues, aux genoux couverts d’écorchures et à la cabriole facile. Ce gamin là était mort dans une explosion après tout.
Il sembla indécis un instant, comme hésitant à l’attaquer, puis finalement tendit sa main gantée, paume ouverte. A l’intérieur, de la monnaie.
Le prix d’un café.
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Barbara Gordon
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyJeu 18 Oct - 17:42

    Avant même de le voir, avant même d'entendre le bruit de sa chute, Barbara s'était saisie d'un batarang et se préparait à l'assaut qui pourrait lui être donné. Son cerveau marchait à plein régime. Une demi seconde auparavant, elle avait compris qu'elle ne rêvait pas, ou n'imaginait pas qu'on la suivait : c'était bel et bien le cas. Une respiration, un bruit de vêtements froissés, d'une semelle qui s'appuie plus lourdement le sol et le rappe en s'élançant. Aucun doute. Barbara avait réagit au plus vite, et avait tous ses sens en alerte, éliminant mentalement en un centième de seconde qui pouvait être l'intrus. Qui avait pu la berner à ce point, masquant si bien sa présence ? Il n'y en avait pas tant. Cheshire, Shiva, Cain, les Al-Ghul et leurs cohortes. Aucun n'avait de raison de s'en prendre à elle, et si seulement l'un d'entre eux avait voulu sa peau, elle serait morte avant même de le savoir. Restait Dick ou Tim, ou Bruce, la Batfamily. Mais si Tim et Dick étaient capables de lui faire une blague et de lui faire peur, elle en doutait fortement.

    Une demi seconde de plus, et ses yeux virent enfin clairement son assaillant, et Barbara referma la prise sur son batarang échafaudant déjà une stratégie de repli. Lorsque l'image s'imprégna sur sa rétine, elle eut un mouvement de recul, mais n'attaqua pas. Elle n'était peut-être pas la meilleur pour lire les signaux corporels comme l'était Bruce, mais il y avait quelque chose d'évident. Ce n'était pas une attaque. Et pourtant, cela ne pouvait être autre chose. Barbara hésita. Une seconde ne s'était pas encore écoulée, mais elle ne pouvait imaginer se laisser porter par les évènements, elle devait toujours tout analyser.

    Alors elle fit ce qu'elle savait faire de mieux. Elle analysa, et observa réellement son assaillant. Plus grand qu'elle, il avait une carrure fine, loin du bodybuilder, mais restait solidement bâti. Vêtu d'un jean et d'une veste en cuir, aucun symbole, aucun blason ne figurait sur ses vêtements qui aurait pu permettre à Barbara de l'identifier et de savoir à qui elle avait affaire. Toutefois, le casque intégral, d'un rouge brillant, ne lui était pas inconnu. Mais Barbara savait que c'était impossible. Red Hood ? L'ancien alias du Joker ? Ce ne pouvait être qu'une coïncidence, et elle était tout à fait certaine que le Joker non seulement ne portait plus cette identité, mais en plus ne se serait jamais présenté ainsi devant elle.

    Mais l'inconnu ouvrit alors la main dans laquelle il tenait quelques pièces. Barbara était plus que confuse. L'inconnu ne lui voulait apparemment aucun mal, et... quel était la signification de tout ceci ?

    Soudainement, Barbara sentit sa tête tourner, et devenir lourde. C'était impossible. Simplement impossible, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Les souvenirs remontèrent à la surface tandis qu'elle avait le coeur au bord des lèvres rien qu'à se replonger ainsi dans ces douloureux souvenirs. Un visage s'esquissa, celui d'un gamin de la rue, plongé dans un monde qui n'était pas le sien, et dont il semblait pourtant embrasser la cause. Jason. Jason, le gamin que Bruce avait ramassé dans les rues de Gotham, après le départ de Dick. Barbara avait eu du mal. Ils n'étaient pas du même monde, et en plus, il venait combler un vide qui aux yeux de Barbara ne pourrait jamais être comblé. personne d'autre que Dick ne pourrait être un si parfait Robin, et voila que Bruce se ramenait avec un délinquant. Vu la taille que Jason avait pour son âge, peut-être même Barbara aurait pu l'avoir déjà passé à tabac. Qui pouvait savoir avec toute la vermine qui grouillait dans Gotham ?

    Pourtant, Barbara avait finit par l'accepter. Ils étaient si différents, Dick et lui, et pourtant, le même esprit les animait. Jason n'était qu'un gamin perdu, et une fois retrouvé un but, Barbara avait l'impression de le voir grandir. Elle finit par presque l'apprécier, même si rien ne pourrait remplacer l'amitié qu'elle avait entretenu avec Dick. Pourtant, elle avait finit par s'habituer au changement, et avait pris la ferme décision de ne pas reporter sur Jason la frustration d'avoir perdu Dick, et essayait d'être le plus proche possible de Jason. Autant qu'elle en eut le temps.

    Barbara avait le coeur au bord des lèvres, et sa tête lui tournait atrocement. Comment pouvait-elle se laisser déstabiliser par quelques pièces ? Pourtant, ces quelques pièces avaient fait ressurgir des souvenirs douloureux, encore trop douloureux. Les souvenirs de toutes ces nuits qu'elle avait passé en patrouille avec Jason, lorsqu'elle essayait de tisser des liens avec lui, aussi forts que possible, alors qu'elle avait toujours un sourire pour lui, était toujours prête à l'écouter... Autour d'un café qu'elle ne manquait pas de lui offrir. Elle n'avait plus Dick, mais Jason était là. Elle n'arriverait jamais à remplacer Dick, bien sur, mais elle avait finit par apprécier Jason malgré ses manières parfois rude et ses interventions souvent trop musclées. Barbara sentait bien qu'il y avait de la colère et bien trop de sentiments refoulés, et qui ne demandaient qu'à s'exprimer. Et partager un café était le prétexte pour se retrouver tous les deux, apprendre à s'apprivoiser.

    Et le décès de Jason avait été un épreuve pour Barbara. Elle avait perdu sa mère, et son frère, mais elle savait qu'ils étaient juste partis, qu'ils l'avaient abandonné volontairement. Mais, aussi paradoxale que cela puisse être, Barbara n'avait jamais côtoyé la mort de près. Le décès de Jason, si violent, et si horrible, avait été un électrochoc. C'était la première fois que quelqu'un de proche décédait. Mais surtout, c'était la première fois qu'un des leurs décédait, alors qu'il était si jeune, alors qu'il était en mission. Le masque ne les protégeait pas des balles, ni des explosions, ni de tout ce que Jason avait subi. Barbara avait réellement été confronté à l'horreur, et avait réalisé, pleinement, les risques qu'elle prenait. Jason était une blessure à peine refermée, et elle ne voulait pas la voir se refermer. Elle ne pouvait pas oublier qu'un jour, dehors, elle sauverait peut-être la vie de quelqu'un, mais ne rentrerait pas. Ils vivaient tous avec ce risque. Mais Jason avait toute sa vie devant lui, une vie qu'on lui avait arraché, et sans qu'il n'obtienne justice. Barbara était encore pleine de colère, et elle savait que croiser la route du Joker lui demanderait une abnégation qu'elle doutait d'avoir.

    Et cet abruti, avec ce casque immonde sur la gueule osait l'aborder ainsi et appuyer là où cela faisait mal. Barbara serra les poings, et agrippa fermement le batarang qu'elle tenait. Même les bras le long du corps dans une attitude qui n'était pas non plus menaçante, elle savait que si la réponse ne lui convenait pas, elle était prête à toute les éventualités. La colère lui montant sans guère attendre, et cracha plus qu'elle ne demanda :

    - Qui êtes-vous ?! Que voulez vous !


    Il allait regretter, ce clown, de l'affaiblir ainsi, et de la replonger dans des souvenirs avec lesquels elle n'était pas en paix ! Ce n'était pas le moment de rouvrir d'anciennes blessures. Pas du tout même. Le décès de Jason avait créé un vide, et un malaise que l'arrivée de Tim n'avait pas tout à fait comblé. Et Barbara se sentait un peu coupable. Les nuits, et elles étaient nombreuses, où le sommeil ne venait pas, elle pensait parfois à Jason, à ce qu'elle aurait pu faire de plus. Elle se sentait plus proche de Tim, et avait compensé peut-être, en étant très proche de lui, le considérant d'emblée comme un petit frère. Elle avait réalisé avec Jason que d'un jour à l'autre, tout pouvait s'arrêter. Et elle ne voulait plus avoir à regretter, à se lamenter de ce qu'elle aurait pu, ce qu'elle aurait du, faire.


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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyMer 24 Oct - 5:39

C’est moi, oh Babs c’est moi, Jay ! Il aurait voulu hurler cela, se défaire du masque et se jeter à ses pieds pour hurler tout ce qui ne pouvait être dit. Son nom à elle, son nom à lui… Hélas on ne pouvait voir les étoiles depuis le ciel de Gotham : trop de pollution, trop de vices aussi. Des étoiles, il se souvenait en avoir vu dans les yeux de Barbara, mais ça c’était avant, lorsque le nom de Dick lui venait aux lèvres. A vrai dire, tout le monde semblait soudain s’animer d’une lumière éclatante lorsqu’il s’agissait de Richard. Jason n’avait jamais compris cela, peut-être trop jeune ou bien peut être simplement à se voiler les yeux, protégeant le peu d’innocence qu’il avait encore pour ne pas comprendre combien Dick était parfait et lui….non, lui, mieux valait ne pas y penser.
Il les avait aimé pourtant, Bruce, Alfred, Barbara, Dick, oh oui il es avait aimé avec toute la violence de son esprit d’enfant sauvage, heureux d’être à leurs côtés, incapable de comprendre que tout ceci ne durerait pas.
Dans les yeux de Barbara à présent, il y avait tout autant de tristesse que de colère. L’avait-elle pleuré, au soir de sa mort, l’avait-elle regretté ?
Jason voulait à nouveau être cet enfant aux portes de l’adolescence et se réfugier encore une fois dans les bras de la jeune femme. Le savait-elle, oh le savait-elle, Barbara, que dans ses souvenirs, elle avait toujours été synonyme d’affection ?

Qui il était, ce qu’il voulait ? Oh il ne pouvait le lui dire, et cela le déchirait. Je ne veux plus avoir mal, Babs, aide-moi !. Hélas que pouvait la jeune femme, pour lui ? Il voulait savoir également, oh comme il le voulait… M’as-tu pleuré, as-tu été soulagé que ce soit moi et non Dick ? As-tu voulu me venger ? M’as-tu oublié, Barbara ? .
Sa main s’avança alors, se saisissant de celle de la jeune femme, glissant les pièces à l’intérieur. Un geste fort, rapide. Il ne pouvait rien faire de plus, et Jason la lâcha aussitôt.

« C’est ce qu’un enfant te devait, non ? Il te l’a rendu, il peut reposer en paix… »

Non il ne le pouvait pas, sinistre blague. L’ombre de Robin s’accrochait à lui sans qu’il ne puisse sans défaire. Jason n’était qu’un être humain, le souvenir du masque avait été l’un des plus beaux de sa vie, aujourd’hui il ne lui en restait plus rien. Cela était injuste… Il y avait des larmes sous le casque, les siennes. Et l’ombre ne pouvait plus l’avaler, pas vrai ? Parce qu’il était mort et que mort, il le resterait ans les yeux des autres. Une marque indélébile, une malédiction. Il n’était pas Isaac, sauvé du sacrifice au dernier moment par un dieu tout puissant, non juste un agneau de plus sans nom, sans cœur, sans visage, que l’on avait laissé aller au massacre. Dans l’école auquel Bruce l’avait envoyé, pour permettre à son Robin d’avoir une éducation bien plus différente de celle des rues, Jason eut à lire de nombreux textes, notamment guerriers. Il se souvenait de l’Iliade, de la mort de Patrocle, de l’ire d’Achille, est-ce que la colère était une chose de films et de romans ? Lui, il en bouillonnant, incapable de trouver un sens à quoi que ce soit. Ses mains tremblaient et son visage, toujours invisible sous la protection du casque, se déformait par quelque grimace de douleur. Il avait toujours été expressif, même en tant que Robin, on se souvenait particulièrement de ses colères et furies, mais l’on oubliait facilement rictus, sourires ou tout simplement grimaces amusées qu’il se permettait.
Parce qu’il n’avait été qu’un gosse. Est-ce que cela en faisait pour autant quelqu’un de moins bon ? Et aujourd’hui, aujourd’hui il était remplacé, relégué au rang de simple petit martyr, celui dont l’exemple n’était pas à suivre. Cela le faisait bouillonner de rage…

Avait-il jamais été considéré comme un fils, un frère ? Jason en doutait à présent, le fil c’était Dick, ou bien encore Tim, le gamin ayant prit sa place. Le frère, c’était Tim aussi, lui qui n’avait rien d’un enfant des rues.
Bah, au fond qu’est-ce qu’il avait à faire de tout cela ? Les familles n’amenaient à rien d’autre qu’à des trahisons. Il avait donné l’argent, ses yeux étaient désormais ouverts, prêt à abandonner un héritage qu’on ne lui avait jamais accordé. Les choses étaient ainsi, au fond ce n’était la faute de personnes et, à la croisé des chemins, sa route lui apparaissait comme lumineuse et claire désormais.
Il ne croiserait plus la route de Barbara, à moins d’un affrontement. Jason n’avait jamais eu peur de se battre, après tout…
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Barbara Gordon
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyLun 29 Oct - 17:28


    Il ne broncha pas devant elle, et elle sentit le mailaise grandir en elle, jusqu'à ce qu'il esquisse un mouvement. Il avança sa main, et se saisit de la sienne. Barbara ne bougea pas d'un pouce, elle ne se défendit pas, elle ne réagit aucunement comme elle aurait du. Elle se laissa faire, sans que ce soit la confiance qui la pousse. Non, il y avait autre chose, un instinct qui lui dictait qu'il ne lui voulait pas de mal. Pas à cet instant. Et cela déstabilisait la jeune femme. Son geste fut brusque, rapide, et sans fioriture. Il attrapa sa main, et y glissa les pièces à l'intérieur, avant de la lâcher tout aussi soudainement qu'il l'avait attrapé.

    « C’est ce qu’un enfant te devait, non ? Il te l’a rendu, il peut reposer en paix… »

    Des dizaines d'hypothèses traversèrent son esprit. Avait-elle inhalé par inadvertance une substance hallucinogène ? Non, aucune chance, Barbara aurait senti l'effet se diffuser. Le gaz de l'Epouvantail, elle y était immunisée, ou du moins savait le reconnaître. Quand à des phéromones d'Ivy, c'était peu probable, elle s'en serait rendue compte... Ou du moins, elle n'imaginerait pas Jason. Sa voix tremblait, alors que les mots sortirent sans même qu'elle s'en rende compte, légers murmures qui ne pouvaient l'aider a accepter ce qui était en train de se passer.

    - Non... Ce n'est pas possible...

    Car c'était bien de lui qu'il s'agissait. Qui lui aurait joué un tel tour ? Quelqu'un s'amusait à la torturer, et il était très bien informé, et savait appuyer où cela faisait mal. Barbara ne pouvait y croire, et la raison en était simple. Jason était mort. Mort. Et les morts ne venaient pas régler leurs dettes. Enfin, parfois, mais au sens métaphorique seulement. Tout cela n'était qu'une mauvaise blague, un atroce cauchemar bien trop réaliste. Ses pensées se bousculaient dans sa tête, et elle se sentait plus nauséeuse que jamais. Pourtant, plus elle le regardait, et plus elle devait admettre qu'il n'y avait qu'une solution. Les mots franchirent presque douloureusement ses lèvres, alors qu'elle refermait la main sur les pièces, les serrant pour se prouver qu'elle ne rêvait pas.

    - Jason... Jason, ce n'est pas possible...

    Mais il faisait déjà mine d'avoir fait ce qui devait être fait, et de disparaître comme il était venu. Mais Barbara devait savoir, elle ne pouvait pas en rester là. Elle devait savoir, voir son visage, le toucher, et comprendre comment... Comment...
    Elle devait être sure qu'il ne soit pas une illusion, elle devait comprendre pourquoi, et comment était-il là, alors qu'elle l'avait vu, de ses propres yeux. Il n'avait pas survécu à l'explosion, il était mort là-bas, sans que personne ne puise rien y faire, sans que personne n'ait pu lui dire ce qui aurait du être dit. Barbara en avait longtemps mal dormi, et avait longtemps gardé en elle le traumatisme de la mort de Jason, parce qu'elle n'avait pas le droit d'en accabler les autres. Bruce était lui même trop secoué, Tim n'avait pas à porter ce fardeau, et Dick... Elle ne pouvait paraître si faible à ses yeux, et elle savait que la mort de Jason l'avait bien trop touché, comme s'il s'en était lui aussi sentit responsable.

    - Attends, non... Non, ne pars pas...

    Barbara franchit la distance qui les séparait, et l'attrapa avec douceur par le bras. Elle pouvait le toucher, il n'était pas un fantôme ou une illusion, et cela dissipa ses derniers doutes. Qui d'autre que Jason cela pouvait-il être ? Mais elle devait voir son visage, elle devait en être sure... Pourquoi se cachait-il d'elle derrière cet horrible casque ?

    - Laisse... Laisse moi te payer un café. S'il te plait ?

    C'était pathétique, c'était ridicule. Mais Barbara ne pouvait pas le laisser filer, et en appeler au "bon vieux temps" était tout ce qu'elle était capable de sortir de son chapeau dans l'état où elle était. Elle devait comprendre, et cet homme s'il était Jason, lui devait des explications. Barbara ne le lâcha pas. Elle devait avoir ces réponses...
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyLun 29 Oct - 23:11

Il ne se retourna pas. Pas même lorsqu’elle prononça son nom. Jason… Avant, elle l’aurait simplement appelé Jay. Même Bruce l’avait surnommé ainsi, hélas le souvenir de la voix de l’homme vint encore lui déchirer le cœur. Il n’était plus Jay, ça ne convenait pas pour un adulte après tout. Il était Jason, et toute trace d’affection avait disparu.
Ce n’est pas possible. Oh chère Barbara, tant de choses le sont pourtant ! Il n’avait pas choisi, mais comment le lui expliquer ?
On pouvait prendre en pitié un petit garçon mort trop tôt, mais qu’en était il d’un homme traumatisé. Il cru partir, il ne le pu. Pas avec une main pour lui saisir le bras, et cela le ramenait tant d’années en arrière !
Oui, lorsqu’il était confiant envers eux, envers tous, qu’il croyait en ce qu’on lui disait, qu’il n’avait peur de rien. Lorsqu’il se sentait immortel à parcourir les toits la nuit parfois à poursuivre Nightwing pour ne pas que celui-ci répète l’une de ses bêtises à Bruce, ou bien à patrouiller avec Barbara.
Lorsque la nuit s’effaçait pour laisser place à l’aurore et que lui, petit garçon, dormait littéralement debout. Il glissait alors sa main dans celle de Barbara, comme il l’aurait fait pour sa mère –belle mère lui soufflait son esprit fatigué- et se frottait les yeux, abattu de fatigue.

Dieu qu’il avait été heureux alors… Aveugle à un futur inexistant, incapable de leur vouloir le moindre mal, mais incapable d’être l’enfant parfait pour autant. Boire un café avec Barbara, avec Babs. S’attabler à une table devant la tasse fumante, poser ses mains sur ses coudes, se laisser tomber soudain, dormir, sentir des doigts dans ses cheveux, ne pas se réveiller. Il leva la main alors, et la posa sur celle de la jeune femme, muet.
Sa main à lui était devenue plus grande, plus forte, il se rendait compte à présent de combien graciles étaient les doigts de la jeune femme. Les mots fuyaient sa gorge, il n’avait jamais été bon avec ça. Le beau parleur, c’était Dick, ça avait toujours été Dick. Lui, il était la tête brûlée, l’idiot peut être.
Sauf que maintenant, il n’était plus rien, alors avec une douleur millénaire dans chacun de ses gestes, Jason enleva le casque. L’objet tomba à terre dans un bruit sec. Il y eut un instant de silence, lorsque l’homme se retourna pour faire face à son passé. Malgré le domino, les traits de l’enfant se retrouvaient dans ceux de l’homme, comme une souffrance en plus. Il y avait des traces sur ses joues, parce que les hommes pleurent, et les morts aussi. Jason Todd, l’enfant martyr, l’idiot ayant mérité son sort…

« Barbara… »

Un instant, Jason se vit tomber, chuter à genoux enfouir son visage en pleurs dans le ventre de la jeune femme, s’accrocher à elle comme à un enfant. Il aurait pu, oui, et Dick aurait peut être fait cela, lui, mais…
Mais rien ne pourrait le consoler du malaise qui le consumait. Il y avait des incendies inavouables que l’on ne pouvait éteindre. Et que voulait-il entendre, que tout allait bien ?! Foutaises, non c’était un merdier total. Il ne savait plus réellement qui il était, et aux yeux de qui il avait compté. Tout perdait de son sens, jusqu’à la vie même. Alors Jason Todd resta immobile, roc millénaire mais tellement destructible, soudain bien semblable à Bruce sans même qu’il ne s’en rende compte. Il fantasma l’étreinte, mais resta de marbre, froid, distant, étranger.
Terre sous ses ongles, terre dans son cœur et vers dégoulinant de sa bouche. Odeur de satin, odeur de bois, pourriture.
Odeur du froid aussi bien avant, pieds nus dans un entrepôt. Pieds nus, pieds us…oh pourquoi pieds nus ?! On l’avait dépouillé de ses chaussures, non de son masque et cela était obsène alors, tellement obscène.
Odeur d’essence, odeur d’électricité.
Terre sous ses ongles. Ongles qui poussent. Ca ne s’arrête pas, même pour un cadavre.

« Tu es bien pâle, on dirait que tu as croisé un fantôme… »

Il se moquait, il s’était toujours moqué. Les sarcasmes, l’humour, l’ironie, cela était sa manière d’être, de montrer son affection. On l’avait dit méchant.
Et les ombres sont plus profondes, le monde plus effrayant, plus étranger. Il leva les bras, prenant le visage de la jeune femme en coupe dans ses mains. Pâle, blanche, pure, apparition mariale dans ses ténèbres à lui.

Masque contre masque, ainsi étaient-ils, et si ses doigts caressaient avec douceur le cnteur des yeux de Barbara, le geste n’en restait pas moins triste, maladroit. Pouvait-il encore se rappeler du visage d’un être aimé ?
Il n’aurait pas du se révéler à elle, cela n’apporterait rien. Son passé était mort, de même que son futur comme son présent. Rideau messieurs dames, la séance est levée !

« Et quel café pourrions nous prendre, quel lieu nous donnerait asile ? Veux tu donner la main à un petit garçon ? Car celui-ci est bien mort, il ne reste plus que moi. Moi qui suit mort aussi… mais tout va bien hein, mieux valait moi que Dick ? »

L’odeur du costume, celle de ses cheveux, cela le ramenait tant d’années en arrière. Des années qu’il ne pourrait retrouver, alors il était là, manquant, incomplet, brutalisé. Il n’y avait rien à faire, il n’y avait jamais rien à faire.
Pas même pleurer…
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Barbara Gordon
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptyVen 9 Nov - 12:56


    Barbara sentit la main de Jason se poser sur la sienne. Il n'était plus rien du jeune garçon, de l'adolescent qu'il avait été, le temps ne s'était pas arrêté pour lui, et c'est ce qui finit de convaincre Barbara. Si c'était ses remords revenus la hanter, il aurait son costume aux couleurs criardes, et ses mains d'enfants encore.
    Un frisson la parcourut alors, une appréhension qui lui nouait le ventre alors qu'elle vit chacun de ses gestes comme au ralentit. Il enleva son casque, et cela semblait durer une éternité, durant laquelle Barbara ne put se mettre d'accord à savoir si elle désirait voir ce qu'il cachait sous le masque, ou pas. Elle devait être sure, elle devait voir son visage pour y croire, pour croire que c'était bien Jason qui se tenait auprès d'elle.

    Et elle découvrit alors son visage, lorsqu'il le tourna vers elle et le masque tombant au sol sonna comme le glas. C'était bien Jason... Mais comment, comment ? Il n'était plus l'enfant de ses souvenirs, ses traits s'étaient affermis, assombris, durcis. Mais elle pouvait le reconnaître sans mal. On leur avait arraché un enfant, et Barbara découvrit un homme. Un homme aux trainées sur ses joues. Un homme qui n'était à ses yeux, toujours qu'un enfant que l'on avait tué trop tôt, et qui revenu d'entre les morts, avait du grandir bien trop vite...

    Elle tremblait de tout son être, refusant la réalité tout en l'embrassant. La mort de Jason avait bien faillit briser ce qu'il restait de la Batfamily, mais les avait aussi tous rapprochés. Barbara savait qu'ils en gardaient tous des cicatrices, et que nombre de choses devraient encore être réglées. Barbara aurait tout donné, comme n'importe lequel d'entre eux, pour que ce terrible drame ne se soit jamais produit. Mais elle savait qu'il n'y avait aucun moyen de revenir en arrière, d'arranger les choses. Elle croyait dur comme fer qu'il n'y avait rien en leur pouvoir pour ramener Jason. Pourtant, il se tenait bien devant elle. Et elle était tout simplement incapable de lier les informations les unes aux autres, son esprit logique refusait d'y croire. Mais son coeur, lui, savait que bien peu de choses restaient impossibles.

    - Jay...
    « Tu es bien pâle, on dirait que tu as croisé un fantôme… »

    Barbara ne réussit à rire, à peine à tordre les coins de ses lèvres dans une expression indéfinissable, entre le sourire forcé et les lèvres pincées pour réprimer ses larmes. Il leva alors les bras -comme il avait grandit...- et prit son visage entre ses mains. Elles étaient froides, et un flash parcourut son esprit, lors de son enterrement, lorsqu'elle avait effleuré ses mains, froides comme la mort. Peut-être était-ce à cet instant là qu'elle avait saisi qu'elle ne reverrait jamais plus Jason. Mais cette fois, si ses mains étaient froides, elle pouvait sentir leur chaleur résiduelle, le pouls qui rythmait ses veines, la douceur de sa chair vivante sur la sienne. Elle posa à son tour une main sur sa joue, effleurant les larmes qui y séchaient, cherchant désespérément le contact alors que son autre main était restée sur son poignet.

    « Et quel café pourrions nous prendre, quel lieu nous donnerait asile ? Veux tu donner la main à un petit garçon ? Car celui-ci est bien mort, il ne reste plus que moi. Moi qui suit mort aussi… mais tout va bien hein, mieux valait moi que Dick ? »

    Ses mots la mirent mal à l'aise, il semblait complètement perdu. Et sa dernière question la laissa désemparée. Comment pouvait-il penser une telle chose ? Il pointait du doigt ce qui hantait constamment Barbara, et ce dont elle n'aait jamais pu parler, à qui que ce soit. Oui, elle n'avait pas eu la même relation avec Jason et avec Dick. L'attachement qu'elle avait envers l'un et l'autre était tellement différente qu'il ne pouvait être comparable. C'est vrai, Jason n'était pas DIck, mais cela ne l'avait pas empêché de l'aimer comme un petit frère, comme un petit frère différent d'elle même, certes. Oh, bien sur, elle s'était à elle-même posée la même question, et ne pouvait, même dans son esprit, formuler une réponse.

    - Jamais je n'aurais pensé à cela Jason... Tu n'as pas idée...tu n'as pas idée de la douleur que cela a été de te perdre. Je...

    Sa voix se brisa un instant, elle ne savait pas par où commencer. Raconter la douleur de Bruce, qui était devenu encore plus noir, plus violent, se souciant encore moins de lui même ? Elle en avait été témoin, et si elle ne savait la souffrance qu'il éprouvait elle l'imaginait sans peine. Alfred avait été dévasté, et pourtant, il en avait vu des enterrement, des personnes proches, disparaître aussi violemment et soudainement. Quand à Dick... Dick n'en disait rien, mais le temps qu'il passait, seul, dans la pièce qu'ils avaient aménagé à la mémoire des êtres chers qu'ils avaient perdu "sur le front" en disait long sur ce qu'il ressentait. Barbara se doutait qu'il se sentait responsable de la mort de Jason. Quand à elle... C'était peut-être la première fois qu'elle perdait quelqu'un d'aussi proche. Sa détresse avait été terrible, tant qu'elle avait été sur le point de renoncer à Batgirl. La réalité avait pris un tournant bien trop dramatique pour ne pas s'imaginer soi même à la place de Jason. Cela lui avait rappelé que chaque jour, elle se mettait en danger. Mais la mort de Jason l'avait aussi rendue plus forte. Elle devait continuer, aprce que Jason ne se serait pas laissé démonter, et qu'il aurait continué, coute que coute. Mais toute ces choses là, ce n'était pas à elle de les lui dire.

    - Personne n'a jamais cessé de penser à toi. Nous t'aimions Jason, comme un fils, comme un frère. Devoir t'enterrer était sans doute la chose la plus douloureuse que nous ayons vécu ces dernières années.

    Barbara le pensait réellement. Pour elle, pour Dick et Bruce, comme pour tout ceux qui avaient connu ce Robin si différent du premier... Il avait marqué les esprit, et aurait du rester un exemple de la brièveté et du danger de mener une telle vie, rappelant à chacun qu'un jour, même les meilleurs peuvent ne pas rentrer à la maison. Un exemple pour toutes les générations à venir.
    Et c'est pour cela que Barbara devait savoir ce qu'il s'était passé. Elle resserra sa main sur son bras, posant l'autre sur son épaule, sans le quitter des yeux, mal à l'aise de demander une telle chose alors qu'elle devinait qu'il ne voudrait en parler.

    - Jay... Je dois savoir comment... Je me doute que tu ne veuilles pas en parler, mais je n'arrive pas à comprendre...
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Jason Todd
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MessageSujet: Re: Old Friends | Barbara & Jason   Old Friends | Barbara & Jason EmptySam 10 Nov - 17:36

Face à face comme deux ennemis, ainsi étaient-ils. Et sa main restait sur la joue de Barbara tandis qu’elle-même venait cueillir les fantômes de larme à son visage. Il hésita alors à reculer, parce qu’il avait oublié, oublié oui le cœur de lion d’un père, celui d’un frère ou bien même l’étreinte d’une sœur lorsque trop disparue est celle de la mère. Il avait oublié, oh pouvait-il encore se rappeler ? Lentement ses yeux se fermèrent, loup blessé, loup sans lune sous laquelle hurler, tandis qu’il quémandait un peu de cette chaleur humaine qu’on lui avait volée. Amère était son âme, triste était son corps, que dire de plus ?
Ce que Jason entendait dans la voix de Barbara, c’était le chagrin, c’était le deuil. A cela il n’y avait pas de réponse et sa silhouette trop grande, trop massive, ne pouvait espérer le moindre apaisement désormais. Parce qu’il n’était plus un enfant, parce que l’enfant il était toujours là bas, à Sarajevo, le corps brisé et les pieds nus, silencieux, aussi silencieux que la neige au dehors.

La douleur de le perdre, les mots avaient été lancé avec la force d’oiseaux écorchés, de la gorge de la jeune femme. Il essaya d’imaginer ce qu’avait été son enterrement, mais ne le put. Il ne pouvait pas dire : « raconte moi », parce que ces choses, ça ne se racontent pas. Alors il restait là, blessé de silence et de désespoir, à tomber, à chuter et sans rien pour le retenir. Jamais.

Quel goût a mon nom sur tes lèvres, celui de la terre et des chrysanthèmes ? Tu vois quoi quand tu le prononces, un enfant ? Réponds-moi, oh réponds moi…

Elle parla à nouveau : pâle, fragile. C’était ça, qui combattait le crime ? Une jeune fille qui pleurait ses propres morts ? Le monde était malade, rien ne pourrait le sauver et certainement pas des rêves complètement inaptes. Il n’y avait pas de règles, il n’y avait pas de putains de règles ! Batman aurait beau patrouiller autant qu’il le voulait, instaurer des codes, des serments, cela ne servait à rien. Pour eux il n’y avait qu’une chose : la défaite.
Jason éclata de rire, pas celui bref et joyeux, pas celui de l’enfant prêt à s’amuser des grimaces d’Alfred ou du sourire de Bruce. Pas le rire qu’il avait en tentant une mauvaise blague à Barbara…
Ce rire, c’était celui de l’enfant des rues prêt à voler pour survivre, le gamin qui décrochait les seringues des bras martyrisés de sa belle-mère, partie pour quelques paradis artificiels duquel il ne pouvait la tirer. Et puis un jour, elle n’en était pas revenue, et Jason s’était retrouvé seul, sans armes autre qu’un rire pour se rappeler des ténèbres du monde.
Un monde sans magie, même lorsqu’un milliardaire vous adopte. La guerre, celle du vice et du crime qu’il avait vécu enfant dans le dédale des rues de Gotham, il l’observait mais de l’extérieur à présent, depuis les toits de la ville. La métropole sans couleur, il en était devenu l’oisillon porteur de miracle, comme Dick avant lui, avec ses couleurs trop vives, trop criardes, comme pour asséner un quelconque espoir avec la violence d’un coup de poing. Seulement, les couleurs, hé bien ce n’est pas de la magie : ça ne sauve rien et surtout, ça ne protège pas. Aujourd’hui, il était spectre de rouge et de gris. Un oiseau, normalement, c’est fait pour voler. Lui, on l’avait noyé… On peut pas demander pourquoi, non on peut pas. Tout est sans sens ni raison.

Vous m’aimiez ? Je sais Babs, je te crois, shhht je sais, oui je sais…. Vous m’aimiez. Tu fais bien de mettre ça au passé, parce que oui vous m’avez aimé, mais cela a juste duré le temps d’une mort.

Peut être était-ce cela le plus effrayant : le calme glacial avec lequel Jason énonçait son cauchemar d’enfant : celui de ne pas être aimé.

Avant j’étais quoi, le gamin violent ? Je voulais juste protéger les gens, Babs, parce que je savais tout ce qui pouvait leur arriver. Mais j’obéissais, je faisais tout pour obéir ! Je voulais aider Batman, je voulais sauver la ville… sauf que c’est pas un job si on s’appelle pas Dick, faut croire. A moins que ce soit moi…. Ouais juste moi tu sais ? Je sais que j’ai été remplacé. Des larmes juste le temps d’un cercueil hein… Bah, je crois que je m’y attendais. J’ai jamais su vous plaire…

La main de Batgirl n’était plus sur son visage, il sentait encore le fantôme de sa présence comme une brûlure

C’est trop nul…

Ce bout de phrase avait bien plus de douleur que tout le reste. « Trop nul », un cri d’enfance décharnée pour un corps d’adulte, rien de plus. Parce qu’il n’y a qu’eux pour dire ça, les enfants, ouais eux…

C’est nul, frangine, que j’sois revenu, pas vrai ? Ouais, trop nul… Mort j’vous servais à quelque chose. Le martyr, l’exemple à pas suivre, le… c’est quoi l’expression déjà ? Ah ouais « Memento mori », le memento mori, la vanité. Mort je vous suis plus utile que vivant, vous oubliez mes défauts et vous vous dites que ouais, vous m’avez aimé. Mais maintenant ?

Il y eut un instant de silence alors qu’il la regardait, les yeux rouges de trop de larmes. Les enfants perdus de Gotham, voilà ce qu’ils étaient tous, et cela était injuste, tellement injuste ! Parce que la colère n’a pas à être le dernier sentiment, sinon où trouver la paix ? L’homme secoua la tête alors, chassant des débris de rêves et de souvenirs. Il y avait une furie sans nom en ses yeux, lave et glace, et cette soif qui ne s’effaçait pas…

Tu connais William Blake ? “A Robin breast in a cage puts all heaven in rage”. Il est calme le ciel, tu trouves pas? Je les ai toujours trouvé rassurant, ces vers. Comme pour me dire que pour moi il n’y aurait pas de cage, alors fallait pas que je m’inquiète. Tu parles… Et puis il a eu ces autres vers aussi, attends que je m’en souvienne..voilà ! “The Bat that flies at close of Eve has left the Brain that won’t Believe.” C’est beau non? L’esprit qui voulait pas croire, on peut dire que c’est moi. Trop de colère pour ça, c’est de ma faute, alors ouais la chauve-souris m’a abandonné. Parce que je savais que pour cette putain de ville, non il n’y a plus d’espoir.

Ils avaient fait toutes les guerres, celles que l’on gagne mais aussi celles que l’on perd. Que dire de plus ?

Tout se détruit, tout brûle, on ne peut rien faire...

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